Au pied des collines
AU PIED DES COLLINES
AU PIED DES COLLINES
Au pied des collines cet après-midi ressentait la joie des premiers chants.
Ses premières six années sur Terurbanie.
Sa curiosité en sortant du Temple l'amenait à découvrir ce lieu si reposant.
Ses premiers pas sur cette terre limitée par quatre murs et un portail lourd en fer délavé. Ce portail presque toujours ouvert.
Entrer était un pas vers le sacré.
Toutes les âmes reposaient entourées de lumières et de fleurs entretenues avec amour.
Un lieu où l'oubli n'existait pas.
Terve décidait de pousser ce portail lourd qui finissait par céder à sa curiosité.Elle ne voyait personne.
Si sa mère était là peut-être que ce serait plus facile.Il fallait continuer ce n'était pas le moment de penser à sa mère.
Une tristesse indicible habitait là.
Sa voix était rauque mais si douce.
Elle commençait à lui parler.Il lui était interdit de parler avec des inconnus.
Cette femme n'était pas une inconnue.
Juste un bonjour ou un bonsoir rien d'autre.
Devant cette pierre blanche il y avait deux photos.
Sa main alla vers les photos essayant de les rendre peut-être plus visibles.Sa voix chaleureuse et son visage marqué d'un sourire oublié.
Une dent finit par adoucir son expression. Elle avait des dents dorées et argentées.
-Je suis seule dit-elle.J'ai vécu au Brésil tu sais ?
Non elle ne savait pas. Pourquoi on ne lui disait jamais les choses intéressantes.Ses parents étaient loin. Maman vivait en France ça y est elle se souvenait.Elle lui avait dit d'attendre car elle allait travailler et gagner beaucoup d'argent.Ensuite elle reviendrait très vite pour être ensemble heureuses.Elle avait l'air contente en lui parlant. Terv savait sa tristesse en tournant le dos maman vomissait toutes ses entrailles. Il fallait oublier cette douleur.Cette douleur ressemblait à la femme en noir.
- Je suis revenue ici avec mon mari. La sculpture que tu admirais tout à l'heure c'est lui.
Les yeux de Terve s'écarquillaient . Comment était ce possible ? Il y avait des gens comme cela ici.
Elle avait un mari qui était sculpteur. C'était incroyable.
- Regarde c'est sa photo.
Un grand soupir sortait du corps de cette femme.Terve entendait un grand cri de désespoir.
Et puis la presque allégresse de Terve alimenté par sa curiosité allait se terminer dans une sorte de compassion qui la suivrait très longtemps.
-J'avais une fille petite Terve. Une fille unique. Elle aussi est tombée malade.Elle avait quinze ans et repose ici maintenant.
Terve entendait ses pleurs invisibles. Apprendre l'existence d'un Dieu invisible peut être comme ces pleurs.
Sa chevelure si blanche qui se confondait presque avec le marbre. Ses vêtements étaient totalement noirs. Ses cheveux dépassaient le foulard noir délicatement posé sur sa tête allant se nouer sur la nuque.Ce noir qui contrastait et faisait d'elle déjà un des personnages importants de la vie de Terve.
- Je suis seule maintenant Terve.
Une plainte presque une supplique inutile. Elle le savait si bien.Ses larmes ne venaient pas jusqu'à ses yeux. Elle aurait pleuré, laissé couler ses larmes sur son visage si c'était possible.Son visage échappait miraculeusement aux marques habituelles laissées par le passage du temps.Plus âgée que sa grand-mère son visage était lisse et Terve s'y était arrêtée.
- Je vis dans cette maison à côté de ma sœur.
Terve commençait sa course. Elle se mit à courir vers la sortie. La vie joyeuse qui l'envahissait.
Elle courrait plus vite que les lapins idiots lorsque sa grand-mère ouvrait leur cage.Ils devenaient si bêtes. On dirait qu'ils ne savaient plus courir. Ils sautillaient.Ce n'était pas très intelligent surtout lorsqu'on risque de devenir un bon dîner pour le week-end.
La vie de ses lapins.
Ce wek- end elle n'aurait pas faim.
Peut-être les lapins auraient la vie sauve.
Cours qui peut.
Elle pouvait courir et une idée géniale arrivait.
Cette femme pouvait peut-être acheter ses lapins pour les nourrir.Elle s'en occuperait bien elle était seule.
- Vite je vais voir s'il est encore temps
On entendait un vague au revoir ou à bientôt.
Déjà dehors cette femme l'entendit partir. Sa fille morte qui avait tout ce qu'il fallait pour bien vivre. Ils ne manquaient de rien et la mort avait été intraitable emmenant très tôt les deux êtres qu'elle aimait .
Terve était bien vivante mais sans sa maman.Pourvu qu'il ne lui arrive aucun mal.Terve ne connaissait pas la peur mais était triste à cause de ses lapins.Si seulement ils n'étaient pas si bêtes.
T.A 25/11/2023